Eurêka Pierre Assouline!
Vignettes, c’est à ce titre que Pierre Assouline avait d’abord songé pour son prochain ouvrage dont la sortie est prévue le 28 septembre, mais il lui a finalement modestement préféré « Rosebud ». Pourtant, il ne s’agit en rien d’une biographie du magnat de la presse William Randolph Hearst ni d’une analyse du chef d’œuvre d’Orson Welles sinon d’éclats de biographies choisies. Assouline original ? Nul doute, Assouline ingénieux. L’écrivain nous conte le siècle passé à travers sept figures masculines qui ont marqué l’Histoire. Jean Moulin et son écharpe, Bonnard et ses poches ou encore Kipling et sa Rolls. A chacun sa luge, à chacun son Rosebud. Clé de la vie de chacun de ces êtres d’exception, l’auteur nous fait découvrir sous un angle inattendu l’univers intime de ses hommes. A travers un détail isolé de leur existence, trop rapidement balayé du regard par les spectateurs que nous sommes, c’est une intériorité frémissante mais aussi toute une époque qui y sont dépeintes. Assouline mélo ? Peut-être. Il aime les belles choses et se plaît à apprendre à ré-apprendre la langue de Goethe afin de (re)lire Celan dans le texte. Mais avant tout Assouline passionné, qui investit comme un biographe intrépide et pointilleux sur chacun de ses sujets pour poser enfin un regard quasi enfantin sur le monde invisible de ces grands hommes. Il décortique chaque vie pour en extraire l’essence. Eurêka ! Après en avoir habilement ôté épines et pétales, il découvre avec un sourire malicieux le bouton de rose parfaitement dissimulé de ses personnages. Il s’improvise magicien en retrouvant une partie de lui-même dans ces puzzles vivants. Assouline modeste ? Pas vraiment. Il se définit d’ailleurs comme le dénominateur commun de ses figures mythiques. Un Citizen Kane des temps modernes, en somme, composite de personnalités aux talents et aux génies qui ont marqué la mémoire collective. Assouline et son Rosebud ? Défense d’entrer. Il faudra enquêter ou lire son livre!